KOSOVO 2025
Traversée des montagnes de Šar / Shar

La traversée des montagnes de Šar est née d’un désir ancien : aller skier dans un pays qui, pour moi, était d’abord chargé d’une histoire familiale et politique. Le Kosovo, je le connaissais à travers le récit de mon père, engagé dans l’humanitaire à la fin des années 1990, et marqué par la guerre. Ce voyage, je l’ai écrit comme j’aurais aimé le lui raconter.

Le massif de Šar n’est pas une destination évidente pour le ski. C’est précisément ce qui en fait l’intérêt. Inspiré par des récits de collègues guides, j’ai longuement étudié cartes et images aériennes afin de tracer une ligne continue à ski, reliant les villages des trois pays frontaliers. Une itinérance exigeante, où la question centrale n’est pas le sommet mais la possibilité d’avancer, chaque jour, de point de chute en point de chute.

Neuf jours de ski au long cours, de villages en villages, entre refuges, guest-houses plus ou moins formelles, cafés enfumés et longues étapes, parfois frisant les 2000m de D+. Une traversée marquée par la beauté des montagnes de Sharr, le froid et la dureté du manteau neigeux (la nivologie n’a pas été un problème !) la complexité logistique, mais surtout par la richesse des rencontres : d’abord Billy, notre premier hôte et logisticien hors pair, jeune albanais comme beaucoup ici un temps expatrié en Angleterre, Bilgaip, notre chauffeur de taxi à Brod, qui mettait de l’incertain là où il ne devrait a priori pas en avoir, ou encore Hesat, et sa guest house informelle de Bozovce, en Macédoine. Et puis ces fumeurs et buveurs de café, dans cette petite salle obscure transformée en « acqua ».

De la partie albanaise autour du Korab aux stations figées du Kosovo, jusqu’aux forêts et crêtes macédoniennes, cette traversée des montagnes de Šar a été un voyage d’immersion. Un ski d’itinérance, fait d’ajustements constants, de détours assumés et de lignes tracées autant sur le terrain que dans les relations humaines. Une manière d’habiter temporairement les lieux traversés…